THE LEGEND OF ZELDA : The Wind Waker (Kaze no Takuto)

Plate-forme Gamecube (PAL)
Genre Aventure / Action
Editeur Nintendo
Développeur Nintendo (EAD)
Date de sortie 13 décembre 2002 (JP)
Texte 14480 caractères
Captures 15 (officielles)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La sortie d’un nouveau Zelda est toujours un événement sans précédent dans le petit monde du jeu vidéo. Chaque épisode instaure une attente parfois longue comme ce fut le cas pour Zelda Ocarina of Time sur Nintendo 64. Chaque épisode propulse le joueur aux sommets des jeux d’aventure, où règne une rare qualité de gameplay et des flots d’idées ingénieuses. Le joueur vibre au cœur des aventures de Link, qui lui procurent une évasion lointaine et magique. Chaque épisode de Zelda est un véritable chef d’œuvre du jeu vidéo, une pièce de maître que tous regardent avec un profond respect, qu’ils adhérent ou non à cet univers enfantin. La puissance de Zelda réside dans cette capacité à toucher tous les publics, jeunes joueurs ou gamers expérimentés.

Pour ces raisons, la moindre annonce sur le développement d’un Zelda attire tous les regards du monde du jeu vidéo. Lorsque la version Gamecube fut présentée, dans une version peu aboutie mais qui donnait une bonne image du traitement graphique, le public fut divisé en deux. Certains trouvaient l’aspect enfantin et le cel-shading particulièrement frais alors que les fans ébahis devant la fameuse demo de combat entre Link adulte et Ganon ont profondément montré leur mécontentement. Partir à l’aventure de ce nouveau volet, intitulé Wind Waker, sans le moindre préjugé était une réelle difficulté. Et puis un beau jour, après de long mois de développement et quelques présentations plus développées, Link est arrivée pour la première fois dans une aventure 128 bits. Nintendo n’avait pas le droit à la moindre erreur, surtout lorsque qu’on vend un jeu en pack collector avec Ocarina of Time, le chef d’œuvre de la précédente génération de machine.

Le renouveau de Zelda
Une fois la machine lancée, la main fébrilement posée sur la manette, quelques notes viennent accompagner le joueur, qui découvre pour la première fois un Zelda en cel-shading. L’introduction du jeu narre les événements d’Ocarina of Time avec un certain humour, des gravures représentent l’histoire du royaume d’Hyrule et le légendaire combat entre Link, héros du temps, et Ganondorf, roi des voleurs Gerudo. Premier choc pour les fans de la série, le royaume d’Hyrule n’est plus ! Tout comme l’excellent Majora’s Mask sur Nintendo 64, l’action se déroule dans un pays lointain, composé d’îles et entouré par les flots.

Second choc, l’aspect graphique est très dépouillé…mais l’animation offre un rendu digne d’un dessin animé. A ce jour, jamais l’impression de jouer à dessin animé interactif n’avait été aussi forte. Les premières notes de musiques aidant, on se retrouve immédiatement embarqué au milieu de ce petit monde, sur la petite île de Link. Le petit Link vit paisiblement en compagnie de sa grand-mère et de sa sœur Ariel jusqu’au jour ou un oiseau croisa le chemin de l’île, une fille dans ses griffes. C’est le début de la grande aventure, une aventure sans précédent dans un univers basé sur l’eau et le vent, comme l’évoque le titre.

Cet univers amène un véritable renouveau dans la série, lui donnant un côté chasse au trésor marine particulièrement attrayant. L’exploration est le mot clé du jeu et s’appuie sur une solide conception, comme à l’accoutumée. Voguant d’îles en îles, Link se retrouve confronté à toute sorte d’ennemis et de pièges et doit user de réflexion et d’astuce pour progresser.

Ce nouveau volet offre de nouvelles possibilités : Link peut désormais marcher le long des murs et se cacher dans des tonneaux, deux mouvements qui seront indispensables dès la première phase du jeu, une phase d’infiltration digne d’un Metal Gear Solid. Les objets à ramasser bénéficient presque tous d’un double emploi, ainsi le Grappin Griffe sert à la fois de grappin pour jouer les tarzans, et de griffe permettent de remonter des trésors en mers. Un système très ingénieux qui double les possibilités sans noyer le joueur par un nombre d’objet trop conséquent. Toujours au niveau des nouveautés, Link a désormais accès à un mouvement spécial pendant les combats, à condition d’appuyer au bon moment sur le bouton A.

Nouvel univers, nouvelles possibilités, nouvelle ambiance, ce Zelda ne ressemble à aucun autre dans la forme. Miyamoto était conscient que le risque de changer le style graphique pourrait déboussoler mais une fois la manette à la main, que l’on aime ou pas, on est transporté dans ce monde féerique. Voyons maintenant un peu plus en détail la consistance de l’aventure proposée.

Une aventure sans pareil
La quête principale plonge le joueur aux milieux d’événement qui vont révéler le courage de notre héros au bonnet vert. Les intervenants sont nombreux et on rentre progressivement dans cet univers fascinant qui n’est pas sans rappeler certains films d’animation du studio Ghibli, par son côté simple et poétique. Les lieux sont charmeurs et cachent bien des secrets, stimulant l’excitation du joueur. La structure narrative est bien différente des anciens épisodes, bien plus évoluée. Link n’est plus seul, et de nombreux personnages vont intervenir dans sa quête, alliés ou ennemis. Pour se déplacer, Link dispose d’une barque un peu spéciale, avec une tête de dragon rouge qui le guide dans son aventure. Sans révéler le scénario du jeu, plus sombre et plus consistant que dans les précédents volets, on peut dire que chaque personnage recèle son lot de surprises. Les fans de la série seront à coup sûr aux anges lors de certains passages particulièrement marquants.

Les combats sont impressionnants : très dynamiques et pourtant très simples. Les commandes sont à peu de choses près les mêmes que dans Ocarina of Time mais les coups sont nettement plus vifs et dynamiques. Link frappe, saute, virevolte et esquive avec une vitesse et une fluidité exemplaire. Autre nouveauté de ce volet, Link peut s’approprier un court instant les armes de ses ennemis : bâton de bois, couteau, longue lance ou immense épée de chevalier, tout est possible. L’équipement est particulièrement dévastateur avec un boomerang qui peut cibler jusqu’à cinq ennemis. On ne s’ennuie pas un seul instant, les différents objets ont tous leur utilité, il faut toujours une technique particulière pour venir à bout des boss. Sans être révolutionnaire, l’aspect combat de Zelda est frais et dynamique, à l’image du jeu.

Bien entendu, qui dit nouveau Zelda dit véritable démonstration de construction et de level-design. Ce Wind Waker ne trahis pas la règle en reprenant le schéma classique de progression dans les niveaux (donjon, objet, boss…) et dans l’univers (chaque objet permet d’accéder à une nouvelle partie du monde). La structure est classique mais parfaitement maîtrisée, les donjons sont ingénieux et intelligents, avec des énigmes classiques et d’autres qui le sont moins. Par exemple, l’un des palais du jeu est un véritable clin d’œil à ICO puisqu’il faut que Link coopère avec un personnage pour progresser. Cependant, il est possible de jouer les deux alternativement, chacun ayant ses propres facultés. La construction des donjons est un exemple de perfection dans le genre et les idées de puzzles se retrouvent en pagaille dans les niveaux.

Par contre, la quête principale occupe désormais une faible place comparée aux très nombreuses quêtes annexes du jeu. La carte de monde recèle mille et uns trésors et les véritables aventuriers seront ravis de voyager sur une barque. Bien entendu, les joueurs pressés vont sûrement râler car il n’est pas possible de zapper les voyages en bateau, parfois longs, mais cela fait parti de l’immersion du titre. Par la suite, Link pourra se déplacer plus rapidement avec un pouvoir, mais jamais les voyages ne sont écourtés.
Le bestiaire est à la hauteur du reste. Les monstres classiques de Zelda sont présents, mais dans un aspect sans comparaison. Il suffit d’observer les moblins, terrifiants cochons, équipés de leur immense lance, les chevaliers ou les boss gigantesques pour comprendre que la tâche sera ardue. Pas tant que ça malheureusement, ce volet étant probablement le plus facile de tous. Il s’agit de l’un des rares défauts du jeu, un joueur expérimenté n’aura pas de difficultés réelles dans les combats, même contre les boss. Les pots pour stocker les fées sont même de trop, à la vue de la facilité de l’ensemble. Les énigmes, par contre, demanderont plus de réflexion.

Un pari osé dont le résultat dépasse les espérances...
La réalisation est splendide. Wind Waker est pourtant bien loin d’être un exploit technique mais les développeurs ont fait des choix très efficaces. Si les décors sont plutôt simples, la distance d’affichage est immense. Sur les flots, il est possible de distinguer une île ou un poisson à plusieurs centaines de mètres. Les environnements ne sont pas les plus beaux de la Gamecube, mais la machine n’est pas à mettre en cause, il suffit de voir tourner un Star Fox Adventures pour en être assuré. Non, il s’agit d’une série de choix visant à obtenir un univers cohérent. Les visages sont très expressifs, le côté cartoon omniprésent et les effets spéciaux sont vraiment impressionnants. La mort des monstres, la lumière, le vent ou encore les flammes sont d’un niveau excellent et renforcent indiscutablement le côté magique de l’ensemble.

La caméra automatique est tellement bonne que le joueur n’a jamais vraiment besoin d’utiliser la caméra manuelle disponible. La visée « Z » est toujours aussi pratique pour cibler les ennemis on certains objets. Au niveau de l’interface, tout est travaillé pour le plus grand confort possible. Une mini carte est constamment affichée à l’écran, l’inventaire est simple à utiliser et les commandes réagissent au quart de tour, malgré le grand nombre de bouton à utiliser.

Le son profite du passage du DVD à la cartouche. Les sons et musiques sont superbes, empruntant énormément aux anciens volets (on retrouve des thèmes bien connus). On ne retrouve pas la qualité des compositions des RPG japonais, loin de là, mais les thèmes restent dans la tête et créent de véritables ambiances. L’île des dragons ou Mercantile, par exemple, resteront dans les mémoires par la simplicité de leurs thèmes et l’ambiance qu’ils dégagent. Les diverses musiques renforcent idéalement l’ambiance, chaque thème annonce une émotion en particulier : joie, inquiétude, étrangeté ou puissance majestueuse sont quelques unes des sensations que l’on ressent en écoutant les musiques. Mention spéciale pour les combats, avec un thème entraînant agrémenté de sons à mesure que Link frappe. Un bel exemple de son joués dynamiquement, on dirait que les coups d’épée de Link sont des accords, et que la façon dont le joueur combat fini par créer un tempo. Plutôt lent ou plutôt agressif, cet aspect du jeu est remarquable. Koji Kondo a fait un très bon travail sur les musiques, même si on ne retrouve pas le côté épique de Zelda A Link to the Past ou les compositions symphoniques des meilleurs RPG.

Enfin, plusieurs petites choses font de ce Wind Waker un véritable chef d’œuvre du jeu vidéo. Tout d’abord l’expressivité de Link est remarquable. Avec trois fois rien (comprenez sans débauches de polygones, de textures et de technologie), Link est rendu particulièrement vivant. Trois traits sur le visage suffisent à lui donner des dizaines d’expressions différentes. Le contre-pied parfait des jeux actuels, misant tout sur la technologie et la débauche de moyens graphiques.

En quelques mots, Zelda Wind Waker est simple à manier, riche, envoûtant et immersif. Un jeu réellement tout public, qui a un petit côté universel touchant au génie. En laissant un instant ma casquette de joueurs au vestiaire, j’ai du mal à imaginer l’émotion que pourrais avoir un enfant en jouant à Wind Waker. Lorsque l’on n’a jamais joué à un Zelda, Wind Waker doit constituer une formidable expérience, une aventure passionnante, intelligente et unique. Si je devais trouver un seul et unique jeu pour être l’ambassadeur du jeu vidéo, ce serait à coup sûr ce jeu là. Voilà ce à quoi le jeu vidéo devrait ressembler plus souvent, avec ce genre de qualité.

Conclusion
Zelda Wind Waker est-il le jeu parfait ? A cette fausse question, il faut plutôt répondre que Zelda Wind Waker comporte quelques imperfections, mais il s’agit de regrets plus que de véritables défauts. Tout d’abord, ce Wind Waker est trop facile, surtout dans les combats. Aucun passage n’est réellement bloquant, hormis la quête du bateau fantôme lorsqu’on a voulu aller trop vite. La quête principale n’est pas aussi longue qu’on le voudrait car le nombre de donjon a encore baissée par rapport au volet précédent. Il parait que pour des raisons de délais, deux donjons n’ont pu être intégrés, ce qui dommage vu la qualité de ces derniers. Ce volet n’a pas subit autant de retards que Zelda Ocarina of Time, ce qui un bon point mais également dommage. La durée de vie est assurée par les quêtes annexes, en nombre gigantesque. La structure du jeu est classique, à l'inverse de Majora's Mask mais c'est ce que les joueurs aiment, les nouveautés présentes sont assez nombreuses de toute manière.

En résumé, Zelda Wind Waker est une petite perle comme il en existe peu. Un jeu au-dessus du lot, qui semble intouchable dans ce qu’il essaie de faire. Cette aventure est extraordinaire, rien ne semble atténuer le plaisir que l’on obtient en jouant à ce jeu. La narration profite enfin de personnages secondaires intéressants et d’un scénario plus sombre, malgré l’aspect enfantin. Pour une fois dans un Zelda, les surprises sont nombreuses, d’autant plus que le jeu est réellement la suite de Ocarina of Time. D’ailleurs le volet précédent est inclus dans la boîte, une bonne occasion de revivre l’un des jeux les plus marquants de l’histoire du jeu vidéo, qui n’a pas tellement vieilli. Une fois de plus, Nintendo nous sort un épisode absolument incontournable de sa fameuse série, autant que A Link to the Past ou Ocarina of Time, avec le petit côté « osé » que l’on trouvait dans Majora’s Mask. Bien entendu, il s’agit du meilleur jeu de la Gamecube et d’un achat incontournable pour tout ceux qui se prétendant fans de jeux vidéo.

Et pour conclure, j'insiste une nouvelle fois sur le côté universel du jeu. L'image du jeu vidéo a plus besoin de jeux comme Zelda que de jeux comme GTA 3 sans aucune morale. S'il faut mener un combat pour défendre le jeu vidéo, il faut le faire avec des titres comme Zelda, aventure envoûtante et universelle qui immerge le joueur comme on plonge dans un livre. Voilà pourquoi je considère Wind Waker comme l'ambassadeur du jeu vidéo et un exemple à suivre.

Yan Fanel, octobre 2003

Les points forts
Les points faibles
- Excellence dans le game design, idées en pagailles
- Le manque de donjons
- La liberté d'exploration et le côté chasse aux trésors
- L'équilibre quête principale / quête annexe trop marqué
- Un véritable dessin animé interactif !
- La facilité de l'ensemble
- Les musiques et l'aspect sonore dans son ensemble
 
- La jouabilité quasiment parfaite
 
- Les références aux épisodes précédents