ZONE OF THE ENDERS 2 The 2nd RUNNER

Plate-forme PlayStation 2 (PAL)
Genre Action
Editeur Konami
Développeur Konami
Date de sortie 13 février 2003 (JP)
Texte 12681 caractères
Captures 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le premier volet de Zone of the Enders avait eu peine à tenir ses promesses et de nombreuses lacunes en faisaient un jeu simplement correct. Disposant d’une jouabilité très aisé et un design général réussi, il manquait profondément de rythme et obligeait le joueur à d’incessants voyages entre les niveaux, une manière artificielle d’augmenter la durée de vie d’un titre qui reste malgré tout très expéditif. Le jeu de « Mecha » est un exercice difficile quand il requiert une aisance dans les commandes et surtout une action survolté. Le chemin n’était qu’à moitié parcouru par des jeux comme Macross VF-X sur PlayStation mais un digne représentant du genre était arrivé par surprise des usines de Polyphony Digital (les géniteurs de Gran Turismo), un certain Omega Boost qui profitait d’une bien belle réalisation pour l’époque, du design de Shoji Kawamori (connu pour les fameuses Valkyries de Macross notamment) et d’une bonne dose d’action. Pour tout avouer, si je parle ici de ce jeu, c’est parce que Zone of the Enders faisaient fantasmer les joueurs avant sa sortie, qui voyaient un Omega Boost puissance 128 bits.

Zone on the Enders fut donc une petite déception, car malgré sa qualité relative, il manquait cruellement de rythme, d’autant que les cinématiques n’étaient guère passionnante. Un potentiel en gestation qui n’était pas utilisé à son maximum. Konami a donc revu sa copie et Shuyo Murata, le game design du jeu nous livre un jeu d’action d’excellente facture, toujours produit par Hideo Kojima d’ailleurs, mais son rôle est très mineur dans l’affaire. Zone of the Enders 2 concrétise tout ce que l’on ne faisait qu’entrevoir dans le premier volet, il développe son gameplay de belle manière, enrichit l’univers et ne fait aucune concession pour faire passer l’action avec tout. Il est temps de voir si les choix pris dans ce nouveau volet se sont révélés payants.

Une histoire de design
Histoire de faire durer un peu le suspens, j’ai décidé de commencer cette critique par un petit retour sur le design du jeu et sa réalisation, qui contribuent grandement à la qualité du jeu. Par rapport à la première itération, le changement esthétique saute aux yeux : les personnages en 3D ont laissé leur place à des personnages dessinés et les scènes qui découpent le jeu sont réalisés en 2D, à l’ancienne, par le fameux studio Gonzo (Hellsing). Ce changement est assez intéressant car les personnages se révèlent étrangement plus vivants. Le scénario est nettement plus développé, avec plus de personnages qui interviennent et ce n’est pas un mal, car les états d’âme de Leo, héros du premier, avaient de quoi taper sur les nerfs, rappelant un fameux personnage d’Evangelion que l’on ne citera pas. Au final, même si le design est assez spécial, ce changement d’orientation est une réussite.

Les Mecha sont toujours dessinés par Yoji Shinkawa, qui en profite pour affiner son style. Les Mecha disposent d’une certaine classe et sont souvent mis en valeur comme il se doit dans les scènes de combat. Une impression de mystère se dégage des principaux, notamment par leurs visages inexpressifs. Ils dégagent un sentiment d’entité supérieure à aux êtres humains, mais conservent une certaine humanité par les multiples connexions lumineuses, qui rappellent un peu le sang qui coule dans les veines. Leurs réacteurs, simulant des ailes ne font que renforcer cette impression d’entité divine. On retrouve tous les fantasmes caractéristiques du mecha design japonais moderne, très complexe, démesuré et dégageant un sentiment de puissance, avec quelques analogies à l’être humain disséminés ça et là.

Evidemment, le joueur au contrôle d’une telle machine voit son plaisir encore accru, d’autant que le gameplay met très largement à contribution les possibilités de l’engin, valorisant sa puissance destructrice. Il y a toujours cette impression de diriger un fabuleux jouet, une technologie extraordinaire que l’on soumet à sa volonté. Ce sentiment est important et fait parti des plaisirs de ce genre de jeu.

Mise en situation
Pour ceux qui aurait raté le premier épisode (on ne leur en voudra pas), une récapitulation des événements du précédent opus est fournit, sous forme de best-of plutôt bien fait. Une bonne initiative, courante chez Konami notamment dans les Metal Gear Solid, qui fait toujours plaisir, cela évite d’avoir à refaire le jeu précédent. C’est d’ailleurs à ce moment que l’on se rend compte que malgré son incident déclencheur, il ne se passait rien de bien passionnant dans cet épisode. Pour ce second opus, l’ambiance reste dans le même ton, très futuriste et inspirée de Gundam, notamment pour les histoires de colonisation et de lutte pour l’indépendance. Les explications des termes importants permettent de s’immerger dans cet univers, plutôt bien ficelé, à défaut d’être vraiment original ou maîtrisé.

Les thèmes développés autour du scénario sont assez communs mais méritent d’être soulignés car ils enrichissent nettement la portée de l’aventure. La volonté de puissance est une nouvelle fois le nerf de la guerre, notamment par l’obtention des fameux « Orbital Frame », ces robots très avancés dont le Jehuty et l’Anubis sont les fleurons. Si le premier était au centre du premier épisode, le second faisait une apparition surprise, laissant entrevoir ses mystères pour une éventuelle suite. C’est dans ce volet que sont développé l’Anubis et son lien avec le Jehuty. Le thème de la guerre, du sacrifice de soi pour son groupe et de la vengeance constituent les fondements de ce scénario, qui prend la forme de nombreuses scènes qui entrecoupent les phases d’action. Le jeu n’est d’ailleurs pas découpé en niveau, et gageons que même si ces scènes sont nombreuses, elles légitiment un minimum l’action, à la différence d’un bête shoot’em up classique. De toute façon, pour les joueurs qui sont venus uniquement pour l’action, il y a toujours la possibilité de les zapper.

A l’inverse d’un MGS 2 dont le rythme est sans cesse haché par des dialogues trop longs et trop fréquents, ZOE 2 mélange scènes d’action et scènes plus narratives avec panache, les dialogues sont courts, vont à l’essentiel et permettent de donner de la valeur à l’action, de situer un contexte. Le rythme de ZOE 2 est très élevé et la tension est constante.

On the rocks
Après ces brèves tentatives de noyer le poisson, il est temps de s’intéresser au cœur du titre, le gameplay. Tout d’abord, l’action présente certaines similitudes avec Omega Boost, au niveau de la puissance et du rythme. En quelques mots, ZOE 2 est nerveux, rythmé et puissant. On retrouve quasiment une action proche des jeux d’action 2D, d’une densité colossal à chaque instant. Aux commandes de son jouet de luxe, le joueur a constamment le sentiment d’être dépassé en nombre. L’optique du premier opus, visant à simplifier au maximum les commandes et à miser sur le spectaculaire est transcendée dans ce volet. Un bref tutorial vous explique chaque fonction et c’est parti. Les commandes de base sont très simples et dépendant surtout de votre position par rapport à l’ennemi. A mesure de l’avancée, le joueur apprend à ce servir au mieux de certaines fonctions, et le contrôle est très accessible, même s’il faut parfois jongler avec les touches pour effectuer des manœuvres spectaculaires.

La simplicité des commandes couplée à une action riche offre un véritable déluge visuel à l’écran, on ne comprend pas tous, mais qu’est-ce qu’il est jouissif d’exterminer des myriades de petits vaisseaux. On est vraiment très proche des sensations que l’on peut retrouver dans un shoot’em up plus classique. Démesure, destruction des environnements pendant les combats, sensation de puissance sont palpables à chaque instant. Pour être honnête, ça va tellement vite que l’on a du mal à suivre ce qui se passe en permanence, mais ce n’est pas vraiment gênant (enfin pas trop).

La caméra a du mal à suivre la vitesse de l’action et l’on se demande parfois qu’est-ce qui se passe mais la simplicité des commandes permet de se recentrer rapidement. L’action est dense, rapide et nerveuse. C’est comme si on attaquait un gigantesque flan avec une petite cuillère, c’est long, rude mais savoureux. Certaines séquences d’action non stop peuvent s’avérer épuisantes : devant les flots incessants d’ennemis qui se déversent, il faut détruire, toujours plus, toujours plus vite et avec méthode. Les fanatiques de vitesse et d’action ébouriffante (dont j’avoue faire parti) seront aux anges. Depuis des temps immémoriaux, un outil rend l’être humain plus heureux en lui offrant une sérieuse dose d’adrénaline. Cet outil, communément appelé « Dash » ou « Boost » a déjà sauvé certains jeux du naufrage comme un certain Soukaigi, ou plus récemment Bujingai. Le Dash prouve encore une fois la pleine mesure de sa puissance ludique dans ZOE 2 où il euphorise l’action pour la rendre intense et survolté.

La destruction des environnements va de paire avec la puissance qui se dégage de l’action, les ponts s’écroulent, les objets explosent au passage et la possibilité d’attraper les ennemis pour s’en servir ajoute une dose de fun considérable. ZOE 2 voue un culte à la destruction et c’est franchement impression. Les affrontements sont titanesques, des bâtiments et des villes tombent en ruine à chaque combat. Certains passages sont vraiment puissants, avec la classique confrontation entre un robot et une flotte entière. Les ennemis sont parfois démesurés mais ils finissent tous par succomber à la formidable puissante entre les mains du joueur.

Les fans de Gradius seront aux anges devant la confrontation contre un certain vaisseau qu’ils connaissent bien, dans une version transformable cette fois ci. Cette amusante référence fait d’ailleurs le lien avec l’épisode précédent, tout en restant un superbe clin d’œil pour les fans. Pour enrichir la formule un peu simpliste de ZOE, un système de progression par l’expérience a été inclus. Soyons franc, s’il est toujours agréable de voir son petit jouet progresser, cela n’apporte pas grand-chose, dans la mesure où l’on nettoie chaque écran. Au fur et à mesure de l’avancée, le Jehuty gagnent des nouveaux pouvoirs qui peuvent faciliter la tâche, même si leur utilisation n’est pas obligatoire (hormis un certain rayon d’une puissance monstrueuse).

Les diverses scènes d’action sont franchement variées et exploitent correctement le gameplay pour varier un peu les situations. Il faut tout de même avouer que certains passages sont assez chiants, comme un certain champ de mine et l’espacement des check point est une solution facile pour remonter un peu la difficulté du titre. Heureusement, les moments de bravoure, toujours intenses, restent largement majoritaires. A noter également une difficulté réelle dans certains passages, qui oblige à une grande prudence, ainsi qu’à une bonne dose de concentration. Si ZOE 2 n’est pas très long, il faut des nerfs pour en venir à bout.

Conclusion
En plus d’être l’un des jeux les plus dynamiques qui soit, ZOE 2 dispose d’une fort belle réalisation, dont on reconnaît quelques textures et couleurs de Metal Gear Solid 2. La modélisation est impeccable et les effets spéciaux sont franchement impressionnants. La moindre action est ponctuée par des effets qui servent parfois de feedback au joueur (comme les ailes du Jehuty dont la longueur varie selon la vitesse), ce qui offre de petits indicateurs visuels très intelligents.

Il y a vraiment peu à reprocher à ZOE 2, c’est un jeu d’action démesuré qui le reste jusqu’au bout. Le voyage est cours mais dense, ce qui contraste un peu l’un des rares points noirs du titre. Parfois, la folie des grandeurs et la démesure nuisent au gameplay et à la lisibilité, notamment vers la fin, où j’avoue avoir fait un peu n’importe quoi. Changements de caméras trop rapides, passages pas forcément adaptés (le passage de la descente en se faufilant à travers des pillons est horrible) et lock qui a parfois tendance à gêner, autant de petits défauts dans le gameplay qui ne peuvent être passés sous silence.

Franchement, autant le premier volet avait pu décevoir malgré quelques idées sympathiques, autant on découvre avec ZOE 2 la pleine mesure de l’ambition enfin matérialisée correctement, dans un jeu au gameplay d’une rare frénésie. On voit enfin le genre de chose que peut apporter une console puissante, avec des montagnes d’ennemis modélisés et des effets spéciaux renversant. ZOE 2 est un jeu d’action pur jus qui mérite toute la considération des fans d’action bien rapide. Une nouvelle étape a été franchit dans le jeu d’action 3D, et on a du mal à imaginer encore plus démesuré. Une petite merveille imparfaite mais diablement excitante.

Yan Fanel, janvier 2005

Les points forts
Les points faibles
- Une action d'une rare intensité
- Durée de vie assez restreinte
- La soin apporté au moindre détail
- Quelques problèmes de jouabilité (caméra...)
- Réalisation de qualité
 
- Un très bon rythme, avec des situtations variées