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BREATH OF FIRE
Plate-forme | Super Nintendo (US) |
Genre | RPG |
Editeur | Squaresoft |
Développeur | Capcom |
Date de sortie | 3 avril 1993 (JP) |
Texte | 8692 caractères |
Captures | 15 |
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L’éditeur / développeur Capcom n’est pas spécialement réputé dans le domaine du RPG et lorsque sort Breath of Fire en 1993, les interrogations sont grandes. A l’heure où beaucoup ont décidé de se spécialiser, il est étonnant de constater le choix de Capcom, dans un domaine dont la domination est partagée entre Squaresoft et Enix. Passé l’appréhension, Breath of Fire a tout simplement crée la surprise, reprenant avec brio la formule classique du RPG des familles tout en y ajoutant ses propres spécificités. Il est d’ailleurs assez amusant de noter que Squaresoft a édité le soft aux Etats-Unis, oubliant de mentionner l’intégralité du staff de Capcom à l’origine du jeu, un véritable scandale.
L'aventure
Breath of Fire, c’est l’aventure typiquement tragique par excellence.
Contrairement à la série de Dragon Quest qui reste avant tout
une quête épique, ou à celle de Final Fantasy qui commence
toujours doucement pour atteindre ensuite des sommets, Breath of Fire débute
sur les chapeaux de roue. Vous incarnez un personnage aux cheveux bleus, dont
le nom est Ryu (hin hin), que vous pouvez d’ailleurs nommer à loisir
(d’ailleurs son nom d’origine n’est même pas indiqué).
Histoire de bien faire les choses, Capcom a décidé de brûler
le village du héros. C’est ainsi que notre apprenti héros
fait la connaissance avec l’armée de Dark Dragon (qui ressemblent
plus à des poissons qu’à des dragons, soit dit en passant)
et que sa sœur Sara décide de se sacrifier pour sauver les villageois.
La formule est éculée, elle fait parti des grands classiques du
RPG, faisant jeu égal avec le héros amnésique (certains
mixent les deux comme Xenogears d’ailleurs).
Pourtant, si Breath of Fire s’aventure dans le vu et revu, la sauce fonctionne bien car rien ne vient rompre cette intensité dramatique. Les musiques ne sont pas transcendantes mais créent des ambiances vraiment uniques, et on se retrouve rapidement pris dans l’aventure. Les événements se succèdent à un bon rythme et le jeu se permet quelques ellipses narratives pour zapper les passages ennuyeux, ce qui tout de même assez audacieux à l’époque. Le groupe se met en place très progressivement, mais heureusement, les capacités des personnages sont complémentaires. Ryu, le héros, est orienté vers l’attaque (comme tous les héros, du reste) alors que Nina se charge des soins. Ces deux personnages deviendront récurrents dans la série, au point que tous les héros de la série s’appellent Ryu (signifiant Dragon dans la langue de Kawabata) et qu’il y a toujours une Nina pour l’accompagner. Petit à petit le groupe se construit, comme dans n’importe quel RPG, et chacun dispose d’un pouvoir qui s’utilise sur la carte ou dans les déplacements. Certains ont la capacité de se déplacer dans les forêts, d’autres de nager sous l’eau ou de voler.
Ces pouvoirs permettent d’offrir un petit côté exploration dans la carte et de créer des passages où il faut revenir ultérieurement. Si l’aventure est vraiment plaisante et agréable, il est dommage que les déplacements soient si lents. Certes, les donjons ne sont pas disproportionnés, mais un peu plus de vitesse n’aurait pas été un mal. La quête de Ryu va l’amener à faire le tour du monde en recrutant compagnons, afin de contrecarrer les plans de l’armée du Dark Dragon.
L'ambiance
Ce qui fait la qualité de Breath of Fire, c’est son ambiance. L’aventure
a beau être ultra classique, elle n’en demeure pas moins de qualité
parce que l’ambiance qui se dégage de ce jeu est absolument unique.
Les musiques sont remarquables et contribuent grandement aux ambiances des différents
lieux. Les explorations de donjons prennent un côté inquiétant,
mystérieux, d’autant que les lieux sont vraiment sympathiques.
Les dialogues sont très bien calibrés, sans être trop longs
et même si le scénario n’a rien d’exceptionnel, la
sauce prend vite et bien. On se plait à apprécier cette simplicité,
d’autant que le fil conducteur de l’aventure reste le même
du début à la fin. La nature du héros, centrale dans le
jeu, permet de renouveler un peu l’expérience et les petites idées
qui parsèment le jeu sont très agréables. Le voyage est
unique et les lieux enchanteurs contrastent avec le côté tragique
de certaines situations.
Les personnages, amis comme ennemis, ont des motivations très humaines et chaque dilemme permet d’émouvoir le joueur. Il est franchement étonnant qu’un titre aussi simple parvienne à dégager une telle puissance émotionnelle avec si peu d’éléments narratifs. Il parvient à faire jeu égal avec des titres comme Final Fantasy 4 ou 5 avec moins de dialogues et une simplicité déconcertante. Les différents lieux sont très bien caractérisés, certains passages sont franchement intéressants et les environnements se révèlent agréables à l’œil, sans être aussi abouti que les meilleures productions de Square sur la même machine. L’alchimie composant un RPG est complexe et il faut croire que Capcom est parvenu à accomplir ce mélange avec un grand talent pour une première expérience, car les autres volets de la série se révéleront nettement moins attrayants, mais c’est un autre sujet. On retrouve les thèmes classiques du genre comme la quête initiatique, la quête de soi, l’amour, l’amitié mais aussi des thèmes moins répandus comme les valeurs marchandes d’une certaine société, le temps.
Les
combats
Un point intéressant à soulever dans Breath of Fire est le déroulement
des combats. Tout d’abord, il faut mentionner que la plupart des combats
peuvent être joué automatiquement. Ce genre de détail peut
paraître anodin mais il confirme bien la volonté de Capcom d’offrir
un confort au joueur (comme les ellipses narratives). Il est agréable
d’avoir à se concentrer moins dans les combats anodins, plutôt
que de bourrer la commande Attaque comme dans certains jeux. C’est d’autant
plus agréable qu’il est possible de reprendre la main à
tout moment, pour se remettre de situations délicates.
Les transformations du héros font parties dans plus grands attraits de l’aventure, car elles sont bien cachées, avec des conditions à remplir (comme posséder certains objets composants l’équipement du dragon). Lorsque le héros se transforme, il voit sa barre de vie remonter et dispose d’attaques magiques particulièrement destructrices. Les diverses transformations sont importantes car seul la dernière permet d’obtenir la meilleure fin du jeu dans la dernière confrontation. La nature inhumaine du héros se révèle payante et le thème de l’élu héritier du dragon n’est pas sans rappeler une autre grande série (notamment son incarnation en manga, Dragon Quest Dai no Daiboken connue sous le nom de Fly chez nous). Breath of Fire emprunte les éléments avec parcimonie, sans copier à tout va, pour finir par aboutir à son propre univers. Les combats sont donc agréables, ce qui contrebalance les éternelles rencontres aléatoires.
A noter un petit détail qui a son importance, l’affichage de l’état de santé des ennemis, ce qui permet de planifier sa stratégie dans le combat. S’il faut avouer qu’il n’y a pas de profusion de possibilités dans les combats, il est toujours bon de savoir où l’on situe dans un combat, même la plupart des monstres ont tendances à résister au-delà de cette barre de vie (ce qui permet de maintenir un certain suspens). Capcom a bien pensé son affaire et cela fait plaisir (tout comme l’apparition de Chun Li en Guest Star cachée dans l’aventure).
Conclusion
J’espère que ce petit aperçu d’un jeu important aura
attisé votre curiosité ou éveillé d’émouvants
souvenirs. Breath of Fire a été une alternative à Final
Fantasy ou Dragon Quest, sans bénéficier de l’aura de ces
deux titres, une aventure de qualité qui brille par sa simplicité
et sa finition. Les secrets sont nombreux et renforcent le plaisir de tous les
instants. Breath of Fire est unique à de nombreux égards et demeure
une aventure très plaisante. Même si ce titre a été
malmené dans sa version US (la jaquette, certaines traductions et la
suppression des noms des créateurs, simplement remerciés), il
demeure un RPG de choix sur SNES, fondateur d’une série qui compte
cinq volet à ce jour, de qualité variable, mais qui conserve son
statut d’alternative agréable aux mastodontes du genre.
Capcom s’est fort bien tiré de cet exercice de style plutôt délicat et il est dommage que les volets suivants ne soient pas parvenus à reprendre convenablement le flambeau de cet épisode. Une version du jeu a été rééditée sur Gameboy Advance, avec quelques modifications bienvenues, comme la possibilité d’accélérer les déplacements (la grosse faiblesse du jeu). En résumé, Breath of Fire est une bien belle aventure qui a su puiser un peu partout, avec intelligence, pour créer une alchimie harmonieuse.
Yan Fanel, janvier 2005
Les
points forts |
Les
points faibles |
- L'ambiance,
notamment musicale |
- Les déplacements d'une lenteur abominable |
- La simplicité
et l'efficacité de la narration |
- Interface pas optimale |
- Les diverses
petites idées (fusion des personnages, capacités...) |
|
- Les nombreux secrets |