LORDS OF THUNDER (WINDS OF THUNDER)

Plate-forme PC-engine Super CD-rom 2 & Mega CD
Genre Shoot'em up
Editeur Hudson Soft
Développeur Red Entertainement
Date de sortie 23 avril 1993 (JP)
Texte 11503 caractères
Captures 15

 

 

 

 

 

 

Parmi les grands éditeurs que l’on trouvait à l’époque de la duo, Red Entertainment était un nom qui brillait d’une aura éclatante. C’est d’un jeu Duo que je vais parler ici, et plus particulièrement d’un shoot’em up, genre sur lequel cette machine régnait sans partage. Lords of Thunder (ou Winds of Thunder selon les versions) est l’un des shoot les plus fameux de cette machine. Après l’excellent Gate of Thunder, Red remet le couvert avec un Lords of Thunder qui change radicalement d’univers puisque les combats spatiaux futuristes cèdent la place à un univers mélangeant Heroic Fantasy et mythologie. Aujourd’hui encore, Lords of Thunder fait parti des shoot’em up complètement cultes, au même titre que les Salamander, Radiant Silvergun ou Ikaruga. Pourquoi un tel engouement pour ce titre ? Un concept intéressant qui rend chaque partie unique, une action extrêmement dense, une jouabilité parfaite et surtout des musiques époustouflantes, pour peu que l’on aime les Hard rock. Lords of Thunder parvient à se démarquer de la grande majorité des titres du jeu grâce à son ambiance unique et ses petits systèmes très bien exploités.

Un peu de stratégie dans un monde de brute
Lords of Thunder apporte un nouveau souffle au genre grâce à une combinaison de plusieurs systèmes de jeu qui ont fait leurs preuves. En début de partie, le joueur dispose du choix du niveau, sachant qu’il doit compléter les 6 pour accéder au stage final. Jusque là, on est très proche de la configuration d’un Thunder Force, ce qui n’a rien de réellement révolutionnaire. Ensuite, le joueur doit choisir une armure, chacune correspondant à un élément (Armure de feu, Armure de l’eau, Armure de la terre et Armure de l’air). Les tirs de chaque armure sont très différent et disposent de trois niveaux de puissance (soit 12 tirs différents). Le choix de l’armure est important car les différents tirs ont une utilité dans plusieurs situations : l’armure de feu est très puissante dans les endroits exigus mais ne touche pas derrière soit alors que l’armure de l’eau est moins puissante mais tire dans plusieurs directions (dont l’arrière). Les systèmes d’armes différentes et de « Power Up »ne sont pas nouveaux mais comme le choix du niveau est laissé à l’appréciation du joueur, le résultat est plutôt stratégique. Certains niveaux comportent beaucoup d’ennemis qui viennent de l’arrière par exemple, il faut prendre ce fait en compte lors du choix de l’armure.

Ensuite, après le choix de l’armure survient le plus intéressant, le magasin. Ce dernier est disponible au début de chaque stage est permet d’acheter divers « Power Up ». On trouve des améliorations de la puissance de feu, augmentation de la barre de vie, bombes, boucliers protecteurs et mêmes élixirs et continue. L’amélioration de la puissance de tir permet d’accéder rapidement à la puissance feu optimale, les bombes permettent de tout faire sauter à l’écran (attention, les bombes son différentes selon les armures !), les boucliers permettent d’encaisser 1 à 3 dégâts sans perte de puissance et de vie. Enfin, l’élixir permet de regagner l’intégralité de sa puissance. Voilà de quoi faire, Lords of Thunder s’illustre par son aspect stratégique bien plus poussé que chez les autres jeux du genre. Le choix de l'armure et la manière dont vous l'équipez est essentiel.

Système de jeu
Après avoir choisi le niveau et configurer son personnage (ce qui nécessite quelques secondes à peine), on attaque le niveau. Lords of Thunder distingue les points de vie de la puissance de tir. Ce choix n’est pas innocent, car chaque dégâts reçu fait perdre un peu des deux. Plus on encaisse de dégâts, plus la puissance de feu et la vie diminuent. Cependant, dans un niveau, il est possible de ramasser de quoi monter la puissance, de quoi se redonner de la vie (très rare) et surtout des cristaux en pagaille qui servent de monnaie au magasin (un cristal bleu vaut 5 et un cristal rouge vaut 25). Un joueur peut très bien se retrouver avec 1 point de vie mais une puissance de feu dévastatrice. A partir de là, on commence à apercevoir la subtilité du système : inutile de gaspiller son argent pour acheter des « Power Up » en commençant par un niveau pas trop difficile, contenant beaucoup de « Power Up » dès le début. L’optimisation du chemin joue donc un rôle prépondérant dans Lords of Thunder.

Non seulement il faut bien choisir son chemin, en tenant compte d’une éventuelle stratégie mais il faut aussi réaliser une bonne performance dans un niveau, car les « Power Up » acquis sont conservés dans le niveau suivant. Par exemple, il est suicidaire de commencer par le niveau Cieldom, qui est très difficile dès le début et relativement avare en « Power Up ». Il est préférable de faire des niveaux auparavant afin d’être blindé pour attaquer ce gros morceau. Il vaut mieux commencer par un niveau relativement calme pour monter tranquillement la puissance de feu, en essayant d’éviter le plus d’ennemis. Le choix d’un niveau simple permet de se retrouver avec une puissance de feu considérable et des économies pour attaquer les niveaux plus complexes.

Apprentissage des niveaux, choix des armes adaptés, collecte de cristaux, augmentation de la puissance, performance en cours de niveau et optimisation de tous ces éléments, Lords of Thunder met clairement la barre au-dessus des autres jeux de tirs au niveau des systèmes de jeu et du gameplay. Le pire est que l’optimisation est permanente, aussi bien l’optimisation des choix des niveaux que l’optimisation des performances dans un niveau. Même une fois les bases acquises, on se rend compte qu’il faut compter avec un autre élément : les bombes. Par exemple, la bombe correspondante à l’armure de l’eau est très défensive et peu puissance alors que la bombe de feu est idéale contre les boss. Chaque bombe s’utilise dans une situation différente, ce qui rajoute encore une petite touche de stratégie à un titre qui n'en manque pas.

La progression dans Lords of Thunder est impressionnante, à mon sens bien plus évoluée que celles des autres jeux de tirs, aussi fameux soit-ils. Par exemple, la difficulté des R-Type se résume à apprendre des passages par cœur. Aucun autre shoot’em up n’offre une telle harmonie dans les systèmes de jeu, une véritable alchimie entre progression et Game System.

Des niveaux faramineux
Un système de jeu a beau être intéressant, si les niveaux ne suivent pas, il est sous-exploité. Ce n’est pas le cas dans Lords of Thunder. Les niveaux sont parfaitement dosés, idéalement équilibrés et très denses. Les thèmes sont différents et semblent classiques : niveau de feu, niveau des glaces ou niveau de la forêt. C’est au niveau du contenu que les niveaux de Lords of Thunder se démarquent.

Tout d’abord, quelque soit le niveau, l’action est particulièrement dense, et ce quelque soit le niveau. Le choix de la structure par choix permet d’éviter les premiers niveaux un peu ennuyeux où il ne se passe pas grand chose. Ici, on entre directement dans le vif du sujet avec des ennemis de partout, sans être insurmontables. Les ennemis n’arrivent pas simplement avec des patterns différents, plusieurs types d’ennemis sont placés dès le début, avec leurs propres propriétés. Il faut survivre à une avalanche d’ennemis différents dès le début. Les niveaux sont très homogènes, l’action est dense quasiment tout le temps. Une fois un niveau franchit, la tension se relâche, jamais avant. Lords of Thunder fait parti de ces jeux que l’on peut finir très rapidement, mais particulièrement dense. Une demi-heure suffit pour le finir (à condition d’en être capable), mais c’est une demi-heure intense, un peu comme dans Ikaruga, pour citer une autre grande référence du genre.

Les changements de scrolling sont nombreux et aucun stage n’est composé d’une simple ligne droite. Passages de gauche à droite, légère montée, puis descente de haut en bas ou sur les diagonales, les niveaux de Lords of Thunder sont très mouvementés (le dernier niveau comporte même un passage particulièrement rapide avec scrolling de droite vers la gauche). En plus de ces changements de scrolling, il n’est pas rare que la vitesse accélère tout à coup, pour offrir des passages particulièrement haletants.
Les changements de scrolling s’accompagnent généralement d’une variation de décor. Ces derniers sont loin d’être uniformes, on passe qu’une forêt à une grotte pour finir dans un palais par exemple. Bien sûr, Lords of Thunder date de 1993, l’aspect graphique a pris un sérieux coup de vieux (sans être vraiment laid), mais le plaisir de jeu est tel que même aujourd’hui, il fait figure de référence.

Bien entendu, un boss conclut le niveau, mais il faut passer par un demi-boss en cours de niveau. Dans les deux cas, il est nécessaire d’avoir un minimum de stratégie. Les demi-boss n’ont pas des attaques très variées et il suffit, bien souvent, de répéter le même mouvement plusieurs fois de suite. Les boss sont un peu plus ardus, avec un point faible et des attaques plus puissantes et plus difficiles à esquiver. A ce sujet, un effort de mise en scène a été fournit, chaque boss se présente d’abord à vos yeux sous sa forme humaine, avant de se transformer. Leur look oscille entre mecha et heroic fantasy, un mélange assez sympathique.

Enfin dernier point mais non des moindres, les musiques qui accompagnent les niveaux sont d’enfers. Des thèmes complètement bourrins mais qui collent à l’action à merveille. Une grande partie de l’ambiance survoltée de ce titre provient de ses musiques, et elles contribuent grandement au plaisir de jeu. C’est un réel plaisir d’esquiver des hordes ennemies, d’être concentré et tendu avec une musique particulièrement qui défoule derrière. Un bon point pour les morceaux de bravoures.

Conclusion
Certains jeux sont de telles réussites qu’ils en deviennent intemporels. Dix ans après, on peut y rejouer avec un plaisir total, sans regrette l’aspect graphique. Dans un genre quasiment mort aujourd’hui, Lords of Thunder fait parti de ces jeux cultes. Ses grandes qualités, à savoir ses systèmes de jeu et son action, sont des facteurs qui ne souffrent pas du passage du temps. En son temps, Lords of Thunder était un jeu évolué, et même aujourd’hui, peu de shoot’em up peuvent se targuer d’une telle richesse. Le résultat de ses systèmes est simple : chaque partie est différente, chaque partie est un nouveau chemin. Car si le choix des parcours peut être identiques, obtenir la même performance en fin de niveau, en ramassant le même nombre de « Power Up » et de cristaux est impossible. Chaque partie est une nouvelle stratégie.

En abusant un instant de ma position (j’écris, vous lisez sans pouvoir réagir immédiatement), je dirais que Lords of Thunder est le meilleur shoot’em up horizontal jamais réalisé. Aucun titre, sorti avant ou après, n’offre une telle richesse. Des excellents shoot’em up horizontaux, il en existe (R-Type Delta, G-Darius, les Thunder Force…) mais aucun n’a obtenu une telle alchimie entre systèmes de jeu. Lords of Thunder est définitivement un monument du passé, le chef-d’œuvre de Red, une société très portée sur le jeu d’action (tout comme Treasure) qui signe ici l'une des ses oeuvres majeures.

Une petite note, il est possible d’y jouer en émulation grâce à l’émulateur Magic Engine (payant). Une version du jeu existe en ISO + MP3, qu’il est possible de lire en utilisant Daemon Tools (lecteur virtuel). Cela demande quelques manipulations, mais le plaisir en vaut la chandelle, si vous ne possèdez pas de Duo ou de Super CD-Rom 2.

Yan Fanel, juin 2004

Les points forts
Les points faibles
- Les musiques dantesques
- Un peu facile en Normal
- Le système de progression
 
- La densité des niveaux
 
- Chaque partie est différente de la précédente  
- Le design des personnages et des ennemis