SOUL BLAZER (SOUL BLADER)

Plate-forme Super Nintendo (US)
Genre RPG
Editeur Enix
Développeur Quintet
Date de sortie 31 janvier 1992
Texte 7342 caractères
Captures 15

 

 

 

 

 

Avant de s’imposer dans le domaine du RPG grâce aux jeux Squaresoft, il fut un temps où la Super Nintendo ne possédait pas énormément de jeux dans le genre. Zelda 3 venait de sortir, créant un véritable séisme dans le monde entier mais il était bien isolé. Bien avant Secret of Mana, un petit Action-RPG répondant au nom de Soul Blazer (Soul Blazer chez les américains) est sorti du petit studio Quintet, affilié à Enix, qui avait déjà réalisé un certain Actraiser l’année précédente. Dirigé par Masaya Hashimoto, le studio Quintet a rapidement obtenu une reconnaissance unanime de la part du public avec le formidable Actraiser, un mélange de jeu d’action et de gestion qui bénéficiait de graphismes sublimes pour l’époque et des compositions épiques de Yuzo Koshiro. Le jeu suivant de ce studio se nommait donc Soul Blazer et se réclamait du genre Action-RPG, avec une représentation à la Zelda. Contrairement à ce que l’on a pu croire un moment, Soul Blazer n’a rien à voir avec Actraiser, malgré les similitudes dans l’interface et le thème de la divinité, récurrent chez les deux titres.

Principe de jeu
Le principe de Soul Blazer est très simple : vous incarnez un être divin à qui votre maître confie la mission de sauver les habitants des différentes régions, emprisonné par une force inconnue. Concrètement, vous arrivez dans des régions quasiment désertes et votre but sera de les repeupler.

Dans les faits, il s’agit de descendre dans les niveaux en réduisant à néant les monstres qui sortent d’espèces de générateurs de couleurs. Le but est de détruire les monstres qui sortent du générateur, afin de pouvoir l’activer, ce qui produit un effet dans le monde du dessus. Grâce à vos actions, les villes peuvent être repeuplés et vous pouvez gagner l’accès à de nouveaux endroits ou de nouveaux pouvoirs. Le principe de Soul Blazer est vraiment simple : il faut trouver tous les générateurs de monstres et se débarrasser de ces derniers en utilisant l’épée ou les pouvoirs magiques gagnés au cours du jeu. Les ennemis ont différentes manières d’attaquer et il faudra optimiser vos efforts pour perdre le moins de vie possible. Des points d’expérience viennent récompenser la destruction des monstres, permettant de progresser et de gagner des niveaux comme dans tout bon RPG qui se respecte.

Au fur et à mesure de la progression, de nouveaux équipements sont disponibles : certains sont juste des épées ou des armures plus puissantes, d’autres ont des effets particuliers qui sont indispensables pour accéder à certaines zones : pouvoir de franchir le feu, de respirer sous l’eau ou arme capable de vaincre des ennemis invincibles… Cette progression donne un léger côté « Zelda » à l’aventure, d’autant qu’il sera parfois nécessaire de repasser par des régions déjà explorées pour débloquer certains générateurs inaccessibles. Au niveau des mouvements, la panoplie est assez limitée et l’absence de déplacement en diagonale risque de perturber dans les débuts. En revanche, la largeur du coup d’épée sera souvent salvatrice, puisque ce dernier touche même derrière vous ! Les régions qui composent l’univers sont assez variées, chacune se concluant par une confrontation avec un boss qui permet de résoudre la quête et d’avancer à la région suivante.

Des thèmes riches
Si le principe et le gameplay de Soul Blazer sont vraiment simples, l’univers tire sa richesse de l’utilisation de nombreux thèmes profonds qui rendent cette petite aventure inoubliable. Comme dans Actraiser, vous incarnez une divinité qui est envoyé pour remettre de l’ordre. Cependant, a contrario du précédent titre du Quintet, le scénario est bien plus développé, tout en restant en filigrane pour laisser la place à l’action. On peut se poser des questions sur la nature du personnage, qui semble détaché de tout de part son origine divine, mais qui finira par ressentir le dilemme de sa condition.

Les thèmes de Soul Blazer sont vraiment nombreux, on passe de l’ambition chez l’être humain au thème du passage du temps, de la loyauté, on se promène dans les rêves pour découvrir le fond de la personnalité des gens qui nous entoure… C’est dans les thèmes abordés que Soul Blazer tire sa force et parvient à se démarquer d’un Zelda. La réincarnation trouve une place toute particulière parmi ces thèmes et se retrouvent à plusieurs moments du jeu.

Chaque niveau se déroule dans un environnement propre, avec un peuple à sauver. Si certaines régions sont vraiment clichées (forêt, montagne, grotte), d’autres ont le mérite d’innover un peu, en sortant de l’ordinaire (la maison, les fonds marins). Chaque région est composée de plusieurs zones et les graphismes comme les musiques permettent de créer des ambiances vraiment particulières. Si les musiques ne sont pas toutes excellentes, certains thèmes restent dans les mémoires

Impressions
Soul Blazer est typiquement le genre de titre simple mais efficace avec une ambiance bien à lui. La simplicité des affrontements et du principe permet d’avancer rapidement à travers les régions et les différentes subtilités (passages cachées, retour en arrière…) donnent du goût à une aventure un peu simpliste. Soul Blazer est nettement plus centré sur l’action qu’un Zelda, même s’il est loin d’être aussi recherché que le hit de Nintendo. Cette légèrement a également ses inconvénients car la répétitivité s’insert rapidement dans ce tableau idyllique.

L’aventure est accrocheuse mais le gameplay vraiment trop limité confine Soul Blazer à un titre de jeu sympathique, bien fait mais qui est loin d’être aussi recherché et impressionnant que le mythe de Nintendo. Pourtant, Soul Blazer parvient à garder un certain éclat grâce à sa richesse et ses ambiances. En proposant souvent le minimum syndical en matière de contenu, ce titre parvient à être très accessible, à défaut d’être profond.

Ce qui marque le joueur dans Soul Blazer, c’est son contexte divin : vous incarnez un avatar de dieu, votre maître, chargé d’intervenir sur terre pour mettre fin à la folie d’un individu. L’impression de sauver des vies est vraiment bien rendue par le système des générateurs, qui donnent l’impression de reconstruire progressivement les différentes régions. Par ailleurs, la composante dramatique n’est pas oubliée avec quelques scènes tristes ou mélancoliques, ce qui distingue Soul Blazer des Dungeon-RPG où il faut simplement faire monter son personnage. La mélancolie est d’ailleurs le terme qui correspond le mieux à Soul Blazer, celui que l’on retrouve le plus souvent dans l’aventure et qui se dégage des lieux pour contraster avec la rudesse des affrontements dans les donjons.

Conclusion
Simple et bien mené de bout en bout, Soul Blazer est un titre vraiment accrocheur qui mérite quelques égards. Son ambiance est sa force et rehausse un gameplay vraiment simple, tout comme ses différents secrets et objets à découvrir. Si les prouesses visuelles et sonores sont contrastées, les différents thèmes parviennent à toucher le joueur, qui à l’impression de voyages dans des univers vraiment différents, à la manière d’un Gulliver de Jonathan Swift, ce qui permet de mettre en valeur certains traits de l’être humain. C’est pour cette raison que Soul Blazer est un titre à part. Ses lacunes en matière de gameplay et sa simplicité globale nuisent un peu à l’aventure, mais cette dernière mérite d’être partagée au moins une fois.

Yan Fanel, février 2004

Les points forts
Les points faibles
- Les différentes ambiances
- Des combats vraiment simplistes
- Le principe de libération des habitants
- Le scénario aurait mérité un développement plus important 
- La richesse et la profondeur des thèmes
 
- La mécanique bien huilée (progression, level up, acquisition...)  
- Les thèmes musicaux, irréguliers mais qui restent dans la tête